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Qu’est-ce que la synesthésie ?

Voilà une question simple et pourtant si complexe.

Simple car elle se décrit de manière facile : du grec "syn" ("union") et "aesthesis" ("sensation"), elle renvoie à un phénomène neurologique présenté par une partie de la population humaine. Il s’agit d’une association cérébrale entre plusieurs sens, donnant une perception singulière du monde aux personnes. Ainsi, certaines vivent une synesthésie dite "graphèmes-couleurs", les amenant à vivre des perceptions colorées des chiffres ou des lettres. Tel nombre est bleu, tel prénom est composé d’une nuance de teintes liées à chaque lettre... D’autres présentent une synesthésie dite "numérique", associant à chaque nombre une position dans l’espace géométrique. Chaque calcul renvoie donc à la construction d’un équilibre architectural plutôt qu’au simple maniement mental de valeurs imaginaires.

Les chercheurs s’intéressant à la synesthésie en dénombrent pas moins de 152 formes, et ceci est un consensus fragile car il est difficile pour les synesthètes de se penser comme tels et de se faire connaître. Comment, en effet, décrire une réalité interne ? Comment savoir qu’elle n’est pas similaire à celle de tous les autres? Ce n’est qu’à partir de notre monde que nous pouvons distinguer celui d’autrui. Or, la synesthésie est de naissance, ce qui la rend souvent invisible aux yeux de ceux qui la présentent car elle ne peut être perçue comme une différence: il faudrait pour cela avoir accès à l’esprit des autres et à la manière dont il se saisit des choses.

Cette réponse est simple et pourrait donner l’impression que le phénomène l’est tout autant.
C’est tout le contraire. Entre la carte et le territoire, entre le tableau et le paysage, entre le récit et l’aventure existe le vécu intime de la personne, c’est-à-dire l’essentiel de l’expérience. Percevoir les nombres comme des entités de couleur peut s’imaginer, mais ce n’est là qu’un simulacre : un nombre que l’on imagine rouge n’est pas un nombre rouge. Un chiffre que l’on peut faire flotter devant soi n’est pas un chiffre qui flotte.

Pour moi, la découverte de la synesthésie s’est faite au travers de la voix humaine.
Chaque voix recèle des couleurs, des formes et des mouvements. Elle éclot dans mon esprit à la manière d’une fresque ou d’une vague. A chacun sa couleur et son mouvement, à chaque émotion ses nuances de teintes au sein de l’ensemble. A chaque personne son identité singulière et éclatante. 

Il est difficile de décrire une voix, encore plus lorsque se plient et se replient des dimensions inhabituelles en son sein. Comment décrire une couleur, sinon par une couleur ? Comment expliquer un mouvement, sinon en parlant d’autres mouvements ?

C’était là le sens de mon premier ouvrage, intitulé “Voyages synesthésiques”: par la peinture et l’expression poétique, il essayait de présenter le ressenti synesthésique de la voix humaine. Chaque émotion était décrite, d’une part au travers de sa figuration picturale, et d’autre part avec des mots qui cherchaient à la mettre en sens et à en expliquer les mouvements.

A la suite de ce travail initial, un second ouvrage, intitulé “Amours synesthésiques”, m’a permis d’explorer plus profondément encore cette facette de l’être humain.

Au-delà de la description et de la figuration, il s’agissait de proposer une narration: par le récit, l’ouvrage se donnait pour but de montrer qu’à travers la voix humaine, c’était toute l’expérience émotionnelle et affective de l’être qui pouvait se dévoiler et montrer l’étendue de sa richesse. Ainsi, les amours synesthésiques consistent en un roman artistique, une tentative narrative voulant montrer que la voix n’est pas que le vaisseau transportant les mots et les intentions : elle en a aussi la couleur et les mouvements, incarnant leurs réalités profondes dans ses flux et reflux.
Ce deuxième tome était un voyage au sein de la beauté des voix, mais aussi un trajet intérieur, pour atteindre la racine de ce qui les rend si précieuses et uniques : le sentiment qui les colore et leur insuffle une vie unique et singulière.

Les voyages et les amours, comme une volonté d’approfondir peu à peu l’expérience synesthésique et de s’engouffrer plus avant dans l’intime et le merveilleux qu’elle dévoile.

Le troisième et dernier ouvrage de mon travail poursuivait quant à lui un but différent, tout en étant inscrit dans la même volonté de montrer à quel point l’humain peut être sublime lorsque de ses lèvres s’échappe la manifestation de sa nature d’être sensible. 

Si les voyages étaient l’expression artistique de la rencontre avec la voix, et les amours celle d’un détour vers le coeur qui les anime, les « Folies synesthésiques » cherchaient à explorer une des dimensions les plus étranges et les plus puissantes de l’expérience humaine : la souffrance d’un esprit en proie à l’aliénation et à la douleur d’un contact difficile avec ses multiples réalités.
Les folies, et non pas la folie, car ce terme est trompeur. Bien trop longtemps, bien trop souvent, aussi, la folie a servi à dénigrer le différent, à ostraciser cet étranger à notre réalité qui ne pense et ne ressent pas comme nous. Il y avait le fou et les autres, l’aliéné et les "normaux". Cette discrimination se poursuit de nos jours, bien que d’une manière plus discrète face à l’éveil des consciences que vit notre siècle. Plus discrète, mais non moins puissante, malheureusement, dans son insidieuse existence.

Or, explorer les folies, ce n’est pas tracer une ligne imaginaire séparant le bon grain de l’ivraie au sein de l’humanité ; c’est au contraire la détruire en montrant qu’il existe autant d’aliénations que d’êtres humains pour les manifester! 
Nous sommes tous, à notre heure et selon notre manière, des fous et des aliénés. Le regard de la société impose ses murs et ses frontières, rendant certaines formes plus visibles que d’autres, mais il ne faut pas s’y tromper : chaque époque a ses étrangers. 
Les frontières du territoire de la raison bougent régulièrement, englobant tels humains, rejetant tels autres dans les limbes… avant de se déplacer encore ! L’habitant de la normalité n’est qu’en sursis : un soubresaut de la société peut le précipiter dans les gouffres de l’isolement, tandis que l’exilé d’hier reprend une place de choix parmi ses pairs ! Terre d’asile et terre d’exil se mêlent et s’entretissent dans notre monde, au sein des remous des civilisations et des idées qui les portent. 

C’est le coeur de ce travail: montrer qu’au-delà des noms et des étiquettes, s’il est une chose qui ne change pas dans l’humain, c’est bien la puissance et la vérité profonde que recèlent ses émotions, et à travers elles la manière dont sa voix s’en fait l’incarnation.

Voilà le sens de ma démarche artistique.

Elle est cependant incomplète: vous ne trouverez sur ces pages qu'une partie des peintures produites, sans les textes qui les accompagnent hormis quelques extraits. Ces derniers sont présents dans les ouvrages, qu'il est possible d'acquérir aux éditions Maïa via les liens présents dans la section dédiée.

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